Edito Gazette n°64 – Mai 2016

Mon professeur de trombone au conservatoire de Paris nous avait avoué qu’il se trouvait souvent très mal avant de jouer le boléro de Ravel, tant la partie est délicate et difficile.

À la première représentation du boléro, le trombone solo de l’époque également professeur au C.N.S.M. en voyant Ravel disait «et pourtant, il a l’air si gentil…» Aujourd’hui si l’œuvre et certaines parties instrumentales restent difficiles (caisse claire, trombone, basson, petite trompette) l’évolution instrumentale et la plus grande technicité des musiciens permettent de franchir cet écueil qui reste cependant un des traits d’orchestres imposés lors du recrutement des musiciens d’orchestre. Le 1er mai, le boléro est entré dans le domaine public et les œuvres de Ravel deviennent peu à peu libres de droits. Maurice_Ravel_1925Le ‘crescendo le plus célèbre du monde’ a été écrit en 1926, l’histoire de cette œuvre si originale et puissante a déchaîné les passions, l’avidité des éditeurs, provoqué des spoliations d’héritages et a déchaîné les colonnes des journaux. ‘Qui a volé les millions du Boléro ?’ titraient les éditoriaux. Encore aujourd’hui, des tentatives pour prolonger les droits de cette œuvre se manifestent toujours. Mais, le plus aberrant est la persistance du droit moral bien que le Boléro soit tombé dans le domaine public. Ainsi, l’héritière peut se prévaloir de ce droit moral pour autoriser ou non l’utilisation du thème musical. Mais comment celle-ci peut-elle juger de la pertinence de cette utilisation alors que les méandres des successions font qu’elle est totalement étrangère à la musique? Pour mémoire: -1937 : Maurice Ravel décède d’une tumeur au cerveau, son frère Édouard hérite. Son épouse décède, Édouard a un accident de la circulation, est soigné et reçoit en complément des soins  des massages qu’il apprécie particulièrement. Cette masseuse divorce, Édouard fait part de son intention de faire de celle-ci sa légataire… Édouard décède, la masseuse se remarie avec… son ex-mari. Celle-ci décède, le mari (qui est coiffeur) se remarie avec une coiffeuse de son salon de Saint-Jean-de-Luz, le mari décède, la coiffeuse hérite et part en Suisse et aujourd’hui c’est sa seconde fille (si je n’ai rien manqué) qui est héritière. Je n’aborde même pas le côté des éditeurs dont le cheminement des droits va de sociétés obscures en paradis fiscaux jusqu’à Monaco. Bien entendu, au delà de toutes ces obscures manigances, c’est l’œuvre de Ravel, son élégance, la grâce de son écriture qu’il faut retenir. Quelques exemples : L’Enfant et les Sortilèges, la Pavane pour une Infante Défunte (si vous connaissez mal le cor, écoutez le thème du début !) le Tombeau de Couperin, le quatuor à cordes, (découvrez le mouvement joué pizzicato), Les Jeux d’Eaux. Puis pour se détendre : à voir absolument le premier lien avec Jacques Villeret, le second avec Pierre Dac et Francis Blanche :

https://www.youtube.com/watch?v=ZrbT9e42IHA

JLSené

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