Questions à un chef… Claude Kesmaecker

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Après vos questions, les réponses !

J’ai communiqué l’ensemble de vos questions à M. Claude Kesmaecker, chef d’orchestre de la Musique de l’Air. Tout d’abord en introduction, quelques mots sur la formation, une petite biographie du chef d’orchestre, et enfin, place à votre curiosité. Je tiens à remercier Claude Kesmaecker pour sa disponibilité et sa gentillesse, ce n’est pas si fréquent qu’un chef d’envergure nationale prenne le temps de l’écoute pour le bénéfice d’élèves d’une école associative.

La Musique de l’Air de Paris
Depuis 1936, date de sa création, la Musique de l’Air a toujours su associer à son rôle dans les cérémonies officielles, un rayonnement culturel dont l’impact est unanimement salué. Ainsi, la Musique de l’Air est une référence dans le paysage musical français, grâce à un recrutement sur concours dont la qualité des musiciens, pour la plupart lauréats des CNSM de Paris et Lyon, est le meilleur gage face à l’exigence artistique. Les orchestres de la Musique de l’Air (Orchestre d’harmonie, Brass Band, orchestre de Jazz) se produisent sur les plus grandes scènes nationales (salle Pleyel, Cité de la Musique…).

Possédant un répertoire éclectique, sollicitant des œuvres nouvelles et accompagnant les plus grands solistes, ces orchestres répondent à la diversité des attentes musicales qui traversent notre société et s’affirment ainsi en authentiques ambassadeurs culturels de l’Armée de l’Air.

Claude KESMAECKER
Après des études de formation musicale et de trombone au Conservatoire National de Région de LILLE, Claude KESMAECKER obtient trois premiers prix au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris en écriture musicale, harmonie contrepoint, fugue et direction d’orchestre.

Par la suite, après avoir remporté le 1er prix du concours international de chefs d’orchestre à Kerkrade, aux Pays-Bas en 1985 il décide alors d’orienter sa carrière vers l’orchestre d’harmonie et manifeste depuis son profond attachement pour les instruments à vent. Soucieux de la diffusion et de l’élargissement du répertoire de l’orchestre d’harmonie, il a enregistré une quinzaine de disques dont certains avec la collaboration de solistes internationaux (ensemble EPSILON, Jacques MAUGER, Michel BECQUET) et sollicite régulièrement des œuvres nouvelles.

Il est invité à plusieurs reprises aux Pays-Bas, en Allemagne, en Suisse, au Portugal en Russie et à Taiwan à la tête d’orchestres d’harmonie nationaux et contribue ainsi au rayonnement de la musique française. Il se produit à travers tout l’hexagone et dirige notamment l’orchestre national
des jeunes de la Confédération Musicale de France lors de sa création en 2002 et 2003 et donne de nombreuses Master-Class. Parallèlement, il est amené à diriger de prestigieuses formations symphoniques telles que l’orchestre des concerts Pasdeloup, l’orchestre Colonne ou l’orchestre du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Depuis mars 2005, il dirige la musique de l’air de Paris.

Questions-Réponses

Le chef d’orchestre connaît-il par coeur les partitions de chaque groupe d’instruments ?
Dans l’idéal, le chef doit connaître les partitions de chaque groupe d’instruments.Je pense qu’il est essentiel que le chef d’orchestre puisse comprendre et assimiler le rôle de chaque partie instrumentale (ou ensemble de parties) qui composent la partition. S’il n’est pas absolument nécessaire de tout connaître par coeur, il est par contre obligatoire d’ assimiler la structure, les éléments de l’orchestration et les nécessités de chaque groupe instrumental.

Peut-il y avoir un bon orchestre avec un mauvais chef d’orchestre ?
Il se peut qu’un bon orchestre soit dirigé par un chef de moindre qualité. Dans ce cas, souvent l’orchestre ne donne pas le meilleur de son potentiel. Dans des cas extrèmes, certains musiciens au rôle prépondérant (solistes ou chefs de pupitres) peuvent “prendre les choses en main” (tempo, départs…) afin d’installer un jeu d’ensemble.

Un chef écoute-il d’autres versions (anciennes, de chefs renommés) des oeuvres qu’il travaille ?
Un chef peut écouter d’autres versions des oeuvres qu’il travaille. C’est toujours intéressant de confronter plusieurs d’autres points de vue. Cependant, il est absolument essentiel que le chef d’orchestre garde une idée précise et personnelle de l’oeuvre, afin de rester cohérent et compréhensible vis à vis des musiciens qu’il dirige.

Comment devient-on à l’orchestre d’harmonie et à en devenir le chef d’orchestre ? Une filiation
Lorsque l’on pratique un instrument à vent, on intègre naturellement
un orchestre d’harmonie. Pour ma part, après des études de direction d’orchestre (où l’on étudie exclusivement le répertoire symphonique), j’ai gardé un contact permanent avec les orchestres d’harmonie. J’ai même participé à un concours international de chefs d’orchestre d’harmonie (Kerkrade aux Pays Bas, en 1985).

Quelles études faut-il faire pour être chef d’orchestre ?
Qu’est-ce qu’un chef d’orchestre ?
Outre la lecture et la pratique instrumentale (car il est très formateur de jouer dans un orchestre), il est impératif d’étudier l’analyse musicale afin de comprendre et d’intégrer les mécanismes de la composition. Il est également nécessaire d’étudier l’instrumentation et l’orchestration afin de connaître les possibilités et caractéristiques de chaque instrument qui compose l’orchestre.

Est-ce un métier difficile, est-ce que votre métier consiste seulement à diriger un orchestre ?
En tant que chef de la Musique de l’Air, mon métier ne consiste pas uniquement à diriger l’orchestre, mais comprend d’autres aspects :
– la responsabilité administrative de la formation
– l’initiation de projets artistiques
– l’établissement et le maintien de contacts avec les différents partenaires

Comment choisissez-vous la manière d’interpréter une oeuvre ?
Le choix d’intrepréter une oeuvre est évidemment une question cruciale.
Tout d’abord, il faut lire la partition afin d’en comprendre le sens musical (forme, structures, passages principaux, transitions…). Ensuite, en fonction des paramètres objectifs (tempo, nuances, indications diverses), on détermine les aspects de l’interprétation (respirations, phrasés, recherche des équilibres…). Il est nécessaire d’avoir une bonne écoute intérieure de l’oeuvre avant le début des répétitions.

A quoi sert la baguette du chef d’orchestre ?
La baguette sert surtout à être plus visible en amplifiant les gestes du chef d’orchestre.

Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?
J’ai choisi ce métier car j’ai rapidement réalisé des arrangements qui nécessitaient de plus en plus de musiciens. A ce titre, j’ai été amené très jeune à diriger ces différents groupes de musiciens. Comme cela m’a plu, j’ai alors décidé de me former à ce métier.

Faut-il savoir jouer d’un instrument pour être chef d’orchestre ?
Un chef d’orchestre peut-il faire un instrument ou est-il toujours chef d’orchestre ?
Sans être nécessairement un virtuose, il est impératif de savoir jouer d’un instrument à plusieurs titres.
– la pratique d’un instrument permet de jouer dans un orchestre et ainsi d’apprendre le métier. Pour ma part, j’ai été musicien dans deux orchestres lyriques (théâtres de Calais et Dunkerque).
– la pratique instrumentale permet d’aborder de manière réelle et objective les problématiques de l’analyse et de l’interprétation.

Est-ce qu’un orchestre peut jouer sans chef ?
Un orchestre relativement restreint peut jouer sans chef. Cela se voit notamment dans la musique baroque ou dans du répertoire classique. Quelquefois, le soliste peut être amené à diriger l’orchestre. Lorsque celui ci est plus important en nombre (répertoire romantique et moderne) ou que les changements de mesure et/ou de tempo sont fréquents, il est alors nécessaire d’avoir un chef d’orchestre.

Est-ce que le chef d’orchestre dirige de la même manière un orchestre symphonique et un orchestre d’harmonie ?
Il y a peu de différences dans la manière de diriger un orchestre symphonique ou un orchestre d’harmonie. C’est principalement la teneur du travail en répétition qui change. En effet, avec un orchestre symphonique on passera du temps sur le phrasé des cordes (coups d’archet). Avec un orchestre d’harmonie, on recherche davantage les équilibres car les sonorités sont moins distinctes qu’avec les cordes.

Comment le chef dirige t-il son orchestre ?
Lorsque le chef dirige son orchestre, il indique plusieurs éléments.

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